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Marie-Anita GAUBE

Née en 1986 à la Garenne-Colombes, vit et travaille à Biziat (Ain).
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon.

Les peintures de Marie-Anita Gaube se réfèrent à l’histoire ou à notre actualité. Elle rencontre, collecte, archive et témoigne ainsi d’un territoire ou d’une époque. Ses toiles sont conçues comme des images de réparation : images nouvelles qui évoquent autrement ce que nous souhaitons oublier ou que nous ne pouvons plus regarder parmi les évènements et les actualités. Déplacés, inscrits dans des espaces improbables, ces objets ou évènements sont de nouveau offerts à notre regard comme réparés.

 

Un vaisseau à travers l’histoire

Le spectateur est tenté de se raconter des histoires.
Il a sa place dans le tableau, certains éléments sont posés là, à portée de main. Pourtant ma peinture ne s’affirme pas comme un récit, mais plutôt comme un évènement, combinant plusieurs temps dont certains indices sont donnés.
La peinture est pour moi un espace autre dans lequel peuvent exister, cohabiter, différents fragments du monde a priori contradictoires.
Alors elle devient un laboratoire de pensées, un inventaire pour une nouvelle pièce, un théâtre, un évènement nouveau. La peinture est « une fenêtre ouverte par laquelle [nous pouvons] regarder l’histoire. » (Alberti)
Pour amorcer un travail, il faut que je sois touchée, qu’un évènement éveille en moi des sentiments. La peinture est avant tout la représentation d’un espace mental.
Mes derniers tableaux appartiennent à, ce que je nomme, « les images de réparation ». Cette expression traduit un principe double :
– d’une part, aller au-delà des représentations naïves par le découvrement du sujet, en rapportant dans le champ de la toile des éléments qui sont à priori situés hors-champ. En découle une topographie organique du sujet, une narration, un effet de montage qui fait écho aux travaux d’Atlas de Warburg, de Benjamin ou encore de Richter.
– d’autre part, si on examine de près les conséquences de cette entreprise, on remarque d’emblée une forme d’injonction multiple du sujet. C’est à dire que ce dernier se met à jour, se rapièce et peut ainsi se retrouver en plusieurs endroits du tableau. À partir de cette ubiquité, il est possible de comprendre l’émergence du sujet, son caractère prospectif.
À l’image d’un ex-voto, le sujet se répond à lui-même. La toile devient une archive incarnée ou plutôt une mémoire plastique dans laquelle l’ensemble des organes qui composent le sujet tend à le déborder.
Je déplace alors l’objet de son contexte habituel, pour l’inscrire dans un lieu improbable. Pour pouvoir mieux le regarder, je le laisse exister en dehors de ce par quoi il existe normalement.
Dans ce processus de réparation, j’essaie de redonner une place aux images qui nous habitent.

 

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